Tout commence il y a quelques 25 ans, lorsque je décide de devenir infirmière, voulant ou pensant correspondre à une bonne image aux yeux paternels. (mais ça je ne le sais pas encore consciemment!) Avec le concours en poche, passage obligé par le médecin du travail qui est très réticente. Mes problèmes d’allergies et d’eczéma sont pour elle difficilement compatibles avec 80 lavages de mains par jour. Elle souhaite classer mon dossier pour inaptitude
Quoi ????
Inapte ???
C’est inconcevable pour moi!
Ce ne sont sûrement pas mes problèmes de peau qui vont décider à ma place! Je ne sais plus exactement comment, mais voyant mon émotion, elle finit par valider mon dossier et me voilà, brandissant fièrement le sésame qui m’ouvre les portes de l’Assistance Publique de Paris! Je m’investis alors les secteurs de la petite enfance, et du handicap et je cherche ma place.
Je me sens souvent coincée entre ma volonté de répondre entièrement aux besoins des personnes que j’accompagne et le cadre souvent trop étroit de nos champs d’intervention. Et je ressens une profonde colère quand je me rends compte qu’on soigne souvent plus la maladie que le malade, en oubliant parfois qu’il est là lui aussi avec tout ce qu’il ressent, et qu’il a son mot à dire (ou ses maux à dire?) Parallèlement, je m’intéresse aux médecines dites alternatives pour tenter de trouver une solution à ce foutu eczéma récalcitrant! Et je découvre avec passion les vertus des plantes, des huiles essentielles, et de la réflexologie…
Mon métier est passionnant et pourtant, une petite voix se fait régulièrement entendre, de plus en plus fort. Parfois ce n’est plus une petite voix mais une boule dans la gorge, une douleur au niveau du dos qui me bloque. Comme pour beaucoup, la période du covid permet une prise de conscience et marque un tournant décisif. Les soignants sont mis à rude épreuve: un jour applaudis et élevés au rang de héros, le lendemain suspendus et méprisés pour certains. Je m’inquiète et me questionne sur les dangers d’une société qui prône la liberté mais ne peut tolérer un choix divergeant. Je ressens le profond mal-être grandissant dans notre société. Et je suis effrayée de voir les personnes les plus fragiles coupées des liens et des accompagnements les plus indispensables à leur bonne santé psychique et physique.
Après bien des matins la gorge nouée, le ventre en vrac, je décide d’écouter enfin la petite voix qui me dit de changer, et de créer les conditions de travail qui sont importantes pour moi pour prendre soin des autres. L’idée d’une formation en lien avec l’humain, la santé naturelle, et le bien être émerge… Et je me forme à la réflexologie à l’école Réflexologie Bretagne de Rennes en 2022. Le pari est osé, je ne suis pas encore entrepreneuse dans l’âme mais je suis enfin alignée et tout fait sens. Merci Madame le médecin de travail de m’avoir ouvert les portes de ce magnifique métier tourné vers l’autre. Aujourd’hui, je peux continuer à prendre soin des autres, dans une approche naturelle et globale, centrée sur la personne, en contribuant à augmenter le mieux-être, et le tout en me respectant! Prendre soin autrement voit le jour début 2023.
Une fois diplomée, je travaille dans différents services. En entrant dans la chambre d’un patient, impossible de faire semblant, impossible de faire comme si on n’avait pas entendu la souffrance, la douleur, le mal être. Alors on oublie facilement ses propres émotions. On ne peut qu’être là, à l’écoute et présent de la manière la plus douce possible, pour essayer de soulager, d’apaiser au moins un peu. Et je comprends vite que la logique hospitalière n’est pas faite pour moi. Je ne peux pas me résoudre à une logique financière de la santé.